Méditation avec luc 24

 

 

ph ph  Ils marchent, comme jamais ils n'ont marché. Leur marche ? le retour à Emmaüs, un petit village loin de Jérusalem où tout s'est passé. Le passé..

Leur marche, oui, vraiment "leur" marche... et quelqu'un les rejoint marche avec eux.

Oh, ils ont les yeux fixés sur leurs pieds, presque sur leur nombril, la marche est lourde et pesante. "tout est fini, revenons en arrière..." ont-ils dans la tête.
Et cet inconnu les questionne: "que s'est-il passé?"

"Ben t'es nul ! T'es bien le seul à pas savoir !"

"quoi ?"

"ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth !"

Et voilà qu'ils racontent et racontent... mais dès la deuxième phrase, le sujet n'est plus Jésus, mais "nous"... perdus qu'ils sont dans leur tristesse et leurs émotions... Leur discours ne sera centré que sur eux!

Pourtant, ils avaient cheminé avec ce Jésus, "puissant en paroles et en actes"; il avait été le meilleur de tous les catéchistes-pédagogues-professurs-éducateurs-animateurs, cotoyant la joie et la peine de chacun, en y donnant du sens et une dimension que nul autre au monde n'avait jamais donné, même imaginé... Un Vrai frère, quoi !

ph ph  Mais non, le jeudi saint et l'arrestation à la tombée de la nuit, le vendredi saint et la croix, c'est encore sous leurs yeux, tellement fort qu'ils en oublient que leur chef et leur prêtre, c'était lui, Jésus... ils en sont revenus à "nos chefs et nos prêtres", notre façon de vivre dans le temps, avant...

Pourtant, ils avaient entendu les témoignages de ces femmes : "un ange leur aurait dit que la Vie était là! que tout était possible! que d'une souffrance, tout pouvait se reconstruire, autrement!" Entendu, pas écouté! entendu, parce que , si c'était vrai, ... oui si c'était vrai, ça demanderait tellement d'énergie, de force, d'investissement, de renouvellement... qu'il faudrait être Dieu pour cela... et ils ne sont pas Dieu... Entendu, comme on entend la Vie sans vraiment l'écouter, sans qu'on se l'approprie et qu'elle devienne nous, non, pardon, qu'on devienne Elle, la Vie !

L'inconnu les surprend et les bouscule: "esprits sans intelligence!" dit la traduction; actuellement on dirait "bande  de c...s à vous tout seuls ! vous déraillez" Et cet étranger les interpelle: "vous vous gourez, vous partez de vos sources au lieu de  partir de la Source de Vie; reprenez les Ecritures, plutôt que de vous fixer sur vous, vos raisons, votre village que vous rejoignez! Plutôt que de croire que tout est fini, qu'il est raisonnable que ..." Et il leur parle... parler... un truc autre que discourir, faire de belles phrases, annoncer une catastrophe... Parler: un truc qui fait que les mots collent à la peau, quoi! un truc qui fait que le visage devient parole et prend cohérence... Que les phrases sont vraies et collent à la peau sans souci de plaire, d'adhérer l'autre à ma raison, mes raisons, mes excuses, ma lâcheté bien souvent, tout compte fait! Parler, un truc qui fait vivre! parce que ça sent la Vérité, et que "être et vivre vrai", ça nous rend libres...

ph ph  mais même là, leurs yeux sont bloqués, fermés... oreilles bouchées par la tragédie... Que c'est tenace, la souffrance...

 

Ils approchent du village, et pourtant, il semble que leurs oreilles et leurs yeux aient appproché  quelque chose de cet inconnu, cet étranger, celui qui a tout vécu, bizarrement, et tout pris avec et sur lui, compris quoi...

Insconsciemment, ils ont cheminé, mais il reste une démarche: que ça ne touche pas que leur ressentiment ou leur émotion, mais leur coeur, tout leur être: ce Jésus leur avait dit "aimer Dieu et l'autre de toutes tes forces (corporel, physique), de tout ton esprit (raison, intelligence), de tout ton coeur (émotion), de toute ton âme (spirituel ou sens de vivre )" 

"ph ph  Reste avec nous, le soir tombe..."

Et il entre avec eux, là dans un auberge, comme un jour il est entré dans une mangeoire. Et il se met "à table",  vraiment !

Le pain est rompu, brisé... La Vie se transmet quand elle se donne!

L'inconnu, l'étranger, c'est Lui, vraiment Lui, le Christ, Jésus, transpercé , malmené, tué, mais vivant, vivant d'une Vie que personne ne peut imaginer... et qu'ils expériment;  la croix dans l'Amour, en Lui, c'est la Vie !

Leurs yeux s'ouvrent, le regard centré sur eux et leur souffrance s'élève à nouveau, comme si le nombril s'effaçait à la place du coeur: "quoi! c'était Lui! il nous a rejoint!" Ils se redécouvrent l'un l'autre, Cléophas et l'autre disciple...sans nom, histoire qu'il épouse notre visage! Frères!

Ils retournent à Jérusalem: tout est risqué! mais c'est pas grave ! Apparemment tout est détruit, mais ce n'est pas vrai; ce n'est que l'apparence, le monde visible !

Ils retournent à Jérusalem, voulant partager avec tous, sans distinction de village, de coutume, de noms, de traditions... Et ils s'aperçoivent que c'est vrai: "Le Seigneur, il est apparu  Pierre et à d'autres..."

Ils partaient isolés, vers le passé. Ils courent vers d'autres, vers l'avenir: la Vie! Ensemble, réunis en son nom, même au delà des kilomètres et des épreuves!

Plus rien ne sera comme avant...

 

                                                                                Jean-Denis, simple prêtre et apprenti chrétien

 

 ph ph  

 

 

 

 

Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé.  Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s'arrêtèrent, tout tristes. L'un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié. Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé. A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n'ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. »  Il leur dit alors : « Vous n'avez donc pas compris ! Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait.  Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d'aller plus loin. Mais ils s'efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.  Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.  Alors ils se dirent l'un à l'autre : « Notre coeur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Écritures ? »

A l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « C'est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » A leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

 

 

Article publié par ste barbe paroisse • Publié le Jeudi 12 octobre 2006 • 6358 visites

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